Une agréable surprise...

L'histoire:

Disgracieuse damoiselle engoncée dans ses tristes robes, la très sage Gisèle veille de son mieux sur le modeste domaine de Plériceau et sur sa jeune sœur, la si belle et capricieuse Mélisande.
Le cours paisible de ses jours se voit bouleversé par l'arrivée de Thibaut, chevalier au lourd passé venu les libérer de la horde de brigands qui menace Plériceau. Le cœur timide de la damoiselle s'enflamme mais Thibaut n'a d'yeux que pour la belle Mélisande et très vite, des noces sont annoncées.
Une terrible épidémie de peste bouleverse cet avenir tout tracé : échouée en pleine forêt, Gisèle se débat pour préserver ses compagnons d'infortune et pour étouffer cette passion charnelle, inavouable, que le taciturne chevalier a éveillée en elle.
C'est dans le combat pour la survie que la vilaine petite souris, tour à tour apeurée et héroïque, se révèlera peu à peu aux yeux soupçonneux de Thibaut, qui devra oublier ses blessures pour reconnaître enfin le véritable visage de l'amour.

J'ai découvert ce livre par hasard, grâce aux conseils d'un groupe Facebook « Romances historiques et autres futilités » (que je ne remercierai jamais assez).
Après avoir lancé le débat "marre des héros trop beaux", quelques titres ont été évoqué, dont celui-là.
Et franchement, je suis vraiment heureuse d'avoir découvert cette histoire.

Ne vous fiez surtout pas à son titre ou à sa couverture qui n'attire pas.

Une pépite cachée au fin fond d'une tonne de livres mis sur le devant de la scène (je parle de ces fameux best sellers dont tout le monde parle, avec généralement des mecs à moitié à poil sur la couverture) et qui sont, franchement, de moins bonne qualité.

L'auteur a ça de précieux que sa qualité d'écriture est presque irréprochable. Il y a quelques petites fautes, mais vraiment rien qui gêne la lecture : il manque des traits d'union par endroit (peut-être un bug de mise en page sur KDP, qui arrive a beaucoup d'auteurs), et il y a une phrase coupée (mais ça n'est pas perturbant).
Bref, autant je suis hyper tatillonne sur la qualité d'écriture ; autant, je peux fermer les yeux sur quelques fautes si l'histoire a de la valeur (j'ai bien dit "quelques", à savoir : pas beaucoup du tout).

D'où vient cet éloge alors que je dénigre beaucoup d'autres livres ?

Peut-être de la plume de l'auteur.
Janine Lancelot utilise tout les codes de l'historique, du moyen-âge, sans que ce soit poussif et pompeux.
Malgré un style plutôt soutenu, l'écriture est totalement fluide, et la lecture est vraiment agréable.

« Gisèle sortit enfin de sa paralysie pour esquisser un mouvement de retraite vers l'autre côté du lit. Une main ferme s'abattit sur sa cheville, la clouant sur place.
— Demeurez, Madame, nous avons un ouvrage à accomplir qui requiert votre présence »

Il y a aussi le fait que nous avons un héros peu décrit physiquement (un peu, mais l'auteur ne s'attarde pas là-dessus, à part pour donner les détails d'une mèche de cheveux, d'une mâchoire carrée ou d'un regard) et une héroïne moche... ou presque.
Et là, vous allez me dire : mais comment peut-on prendre plaisir à lire une histoire avec une héroïne sans beauté ?
De la même manière que, dans la vie, vous ne choisissez pas vos amoureux(ses) et ami(e)s à cause de leur beauté.
Et si vous n'êtes pas prêts à assimiler cela dans vos lectures, alors vous n'êtes pas prêts à progresser.

Qu'est-ce qui fait que, même avec une héroïne disgracieuse, cette histoire marche du tonnerre ?

Tout simplement parce que l'auteur se focalise sur d'autres qualités et n'en rajoute pas des louches quant à sa non-beauté.
Les personnages sont profonds et vrais. Leurs réactions sont totalement en adéquation avec leur caractère.
L'auteur sort des clichés : l'héroïne « moche » ne devient pas belle (contrairement à de nombreuses romances qui utilisent ce thème), le héros qui n'avait d'yeux que pour la belle ne se tourne pas vers l'héroïne en se disant « tiens, mais elle est belle, en fait », la belle n'est pas sans cœur et n'est pas la méchante de service... etc.

L'héroïne joue très bien le rôle de petite souris, qui s'énerve de temps en temps et fait preuve de caractère (sans trop en faire, et en redevenant petite souris ensuite).
Le héros n'a que faire de la petite souris pendant une grande partie du livre. Il n'est pas attiré par elle, mais elle l'intrigue. Et ça, l'auteur a très bien su le mettre en scène. La plupart du temps, le héros se disent pas attiré, mais il bande dès qu'il voit la fille (oh, mais comment ça se fait, je ne comprends pas ?). Là, ce n'est pas du tout le cas.

« — Décidément, cet endroit semble voué à être le théâtre de nos joutes vestimentaires »

Aucun des personnages n'est parfait, bien au contraire :
On a quelques fois envie de secouer Gisèle pour qu'elle réagisse, qu'elle envoie balader sa sœur ou les hommes présents.
Thibaut est méfiant, voire très agressif envers Gisèle, surtout qu'il croit qu'elle fait tout pour le séparer de Mélisande. Ce qui donne des joutes piquantes et passionnelles.
Il est quelque fois d'une grande mauvaise foi.
Le père est un lâche quand il doit s'occuper de ses filles.
Et Mélisande est capricieuse et trop gamine.
Mais ces défauts ne sont pas excusés, donc ça fonctionne vraiment bien car on a des héros vrais, qui nous ressemblent, et à qui on peut s'identifier.

L'histoire est captivante, les héros principaux évoluent beaucoup tout au long de l'histoire, le contexte historique est très bien décrit, on ressent beaucoup d'émotions à lire cette histoire.

En bref, je l'ai trouvé exceptionnelle.

Ma note :